- anémier
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• 1866; anémié 1857; de anémie♦ Rendre anémique. ⇒ affaiblir, épuiser. Ce régime l'a beaucoup anémiée.♢ Fig. « Une France anémiée par le ralentissement de l'activité économique » (Jaurès).Synonymes :- étioleranémierv. tr. Rendre anémique.|| v. Pron. Devenir anémique.— Pp. adj. Un malade anémié.⇒ANÉMIER, verbe trans.A.— Emploi trans. Rendre anémique :• 1. Ainsi, malgré bien des travaux, on n'en est pas arrivé à juger définitivement si l'opium anémie ou congestionne le cerveau.Ch. RICHET, R. des 2 Mondes, 1er mars 1877 (LITTRÉ Suppl.).Rem. L'ex. donne la 1re attest. du mot.• 2. Élodie, qui allait sur ses quinze ans, leva sa face de vierge bouffie et chlorotique, aux cheveux rares, de sang si pauvre, que le grand air de la campagne semblait l'anémier encore.É. ZOLA, La Terre, 1887, p. 185.• 3. La peur de verser le sang n'est pas le respect de la vie d'autrui. Cette horreur du sang répandu est aujourd'hui généralisée chez les hommes qui ne craignent ni d'anémier le sang vivant, ni de l'intoxiquer ni de l'injecter à longueur de journées et de nuits. C'est même là une des hypocrisies marquantes de notre époque.E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 136.— P. anal. :• 4. Le pays, couvert de forêts de chênes noirs opulents; d'où lui vint son nom d'Armagnac noir ou le nègre; de futaies de hêtres dont l'ombre froide anémiait à leurs pieds toute végétation inférieure et, mêlés à eux, d'aulnes au bois sanglant et de saules aux feuilles pâles; ...J. DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, t. 2, 1928, p. 119.B.— Emploi pronom. Devenir anémique et, p. ext., s'affaiblir, perdre de sa vigueur :• 5. Il savait combien peu comptent les jours d'épreuves, dans la longue histoire de l'église. — Seulement, à se replier dans sa résignation muette, il s'anémiait lentement, il prenait une timidité, une peur de parler, qui lui rendait pénible la moindre démarche, et peu à peu l'enveloppait d'une torpeur de silence.R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 1034.• 6. Vers la fin de 1917, Félicie Laubigier tomba malade. Les privations, la faim, le froid terrible de cet hiver, le souci de cette guerre qui n'en finissait pas, l'inquiétude de voir la petite Jacqueline s'anémier lentement, et Camille, son plus jeune, courir les rues faute d'école et polissonner avec les gamins du quartier, tout cela usait Félicie.M. VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, p. 321.• 7. Le jour, j'avais des vertiges; je m'anémiais. Maman et le médecin disaient : « C'est la formation! » Je détestais ce mot, et le sourd travail qui se faisait dans mon corps.S. DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 102.— Au fig. :• 8. Ces idées libérales avaient pu s'anémier en eux, ils avaient pu douter de leur prestige, n'osant plus les confesser, quand soudain de Mlle de Guermantes elle-même, c'est-à-dire d'une jeune fille si indiscutablement précieuse et autorisée, portant les cheveux à plat sur le front (ce que jamais une Courvoisier n'eût consenti à faire) leur venait un tel secours.M. PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 448.Prononc. :[anemje]. Enq. :/anemi/. Conjug. parler.STAT. — Fréq. abs. litt. :21.anémier [anemje] v. tr.ÉTYM. 1857; de anémie.❖1 Méd. Rendre anémique. ⇒ Affaiblir, épuiser. || Ce régime risque à la longue de l'anémier. || « Certains médicaments ont la propriété de provoquer le sommeil. Entre tous, l'opium occupe le premier rang; mais comment agit-il ? (…) ce serait en anémiant plutôt qu'en congestionnant le cerveau » (Journal de médecine et de chirurgie pratiques, XXXVII, 1866, p. 451).2 Fig. Affaiblir, faire dépérir. || Anémier un peuple, une idée. — Anémier une entreprise.——————s'anémier v. pron.♦ Devenir anémique. || Le malade s'est anémié. — Fig. S'affaiblir, s'épuiser.1 L'action (dans les Temps difficiles), rudement menée, s'anémie vers la fin.Édouard Bourdet et son œuvre, in Tribune de Genève, 27 janv. 1945, p. 9.——————anémié, ée p. p. adj.1 Qui est atteint d'anémie.2 Lorsqu'une affection locale ou générale se déclare chez un sujet anémié, elle reçoit, de l'altération du sang, des modifications essentielles dans ses symptômes, sa marche et son traitement.Éd. Monneret, Traité de pathologie gén., 1857, p. 600, in D. D. L., II, 8.2 Fig. Faible, languissant. || Une économie anémiée. || Entreprise anémiée.3 (…) une France appauvrie et comme anémiée par le ralentissement de l'activité économique.Jaurès, Hist. socialiste…, t. III, p. 239.4 Une pauvre petite prise de lumière s'ouvrait au ras du plafond, semblait coincée entre les pierres et ne laissait filtrer qu'un pâle reflet, un tremblotant rayon, fade, anémié, bleui, de la grande lumière du dehors.B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. IV, p. 97.❖CONTR. Revigorer. — (Du p. p.) 1. Fort; prospère.DÉR. Anémiant.
Encyclopédie Universelle. 2012.